28/02/20

Hug@Home, en pilote à Stella et aux Lauriers

On le sait, l’avenir de la médecine passera par l’utilisation croissante des outils numériques. Entre aubaine et prise de risque, la question de la médecine dématérialisée se pose aujourd’hui comme un enjeu incontournable. Alors que la population vieillit, les politiques de santé publique privilégient les mesures qui favorisent l’autonomie des personnes âgées. La Fondation est soucieuse de positionner les établissements médico-sociaux dans le débat et d’intégrer les innovations pertinentes dans son dispositif de soins. Illustration avec la nouvelle application des Hôpitaux Universitaires de Genève, actuellement testée dans nos deux établissements.

Le fruit d’un hackathon

Réunir des développeurs pendant 48h pour qu’ils planchent sur des défis de santé publique et y apportent des solutions. C’est le principe du hackathon, contraction de « hacker »,  et de marathon : ce type d’événements mobilise les ressources de développeurs et de créatifs invités à imaginer des réponses technologiques et innovantes à des problèmes posés, par exemple par l’éco système de santé et de soins. C’est à l’issue de deux hackathons lancés par les HUG en 2017 puis en 2018, auxquels Philippe Nicolin, notre responsable informatique à participé,  que l’idée de l’application Hug@Home a vu le jour. Le grand prix du jury a été décerné à une application offrant une consultation médicale à distance par visioconférence avec un médecin de l’unité des urgences ambulatoires et du service de médecine de premier recours des HUG. Depuis, le projet, mené par les Doctoresses Sanae Mazouri, du Service de cybersanté et télémédecine, et Olivia Braillard, du Service de médecine de premier recours, a pris une forme concrète.

Le médecin à l’écran

Le concept ? Permettre à des soignants d’entrer en contact avec un médecin des HUG, lorsque le médecin traitant n’est pas disponible et avant de diriger le patient vers les urgences pour obtenir un premier diagnostic. Hug@Home est donc un service de télémédecine, développé sur une plateforme sécurisée, donnant à des soignants la possibilité de contacter un médecin des HUG pour obtenir un avis médical par message écrit, consultation audio ou vidéo. Des documents ou des photos peuvent être échangés, dans le respect des normes de sécurité et de confidentialité des données. Il s’adresse dans un premier temps à l’IMAD, l’institution de maintien à domicile et aux établissements médico-sociaux. L’intérêt d’un tel dispositif est multiple, à la fois pour l’hôpital et pour les structures de soins partenaires puisqu’il veut réguler d’une part le flux de patients en amont des urgences, et favoriser d’autre part le maintien dans le domicile ou dans l’institution.

La télémédecine, ou médecine à distance, renvoie à plusieurs réalités pratiques

  • La téléconsultation, qui permet à un professionnel médical de consulter un patient à distance.

  • Le téléconseil, qui est un service sans diagnostic ni prescription.

  • La télésurveillance, qui permet à un professionnel de santé d’interpréter à distance des valeurs mesurées au domicile du patient, sa tension artérielle ou sa fréquence cardiaque par exemple, pour prendre des décisions sur sa prise en charge.

  • La téléexpertise, lorsqu’un professionnel de la santé sollicite à distance l’avis d’un autre professionnel de la santé, un spécialiste par exemple.

Tester, évaluer, adapter

En Suisse, en 2017, 35,7% des 122 000 résidants des EMS ont dû être hospitalisés au moins une fois durant leur séjour, et 17,4% l’ont été durant l’année 2017 même. Au total, on attribue presque 100 000 hospitalisations aux personnes vivant en EMS. Pour l’année 2017 uniquement, on a enregistré 31 200 hospitalisations, attribuées à 21 300 résidants.*

On comprend alors la nécessité de consolider et fluidifier la continuité des soins entre l’hôpital et l’institution, comme l’explique Karen Pasquettaz, directrice des soins de la Fondation : « Un tel dispositif présente plusieurs intérêts, notamment d’éviter une réhospitalisation que l’on sait être coûteuse en charge émotionnelle et psychique pour le résidant et en termes financiers pour la collectivité. Il devrait également faciliter le suivi post-hospitalisation, en assurant un accès aux derniers éléments du dossier médical au médecin des HUG ».

Le projet repose sur quatre conditions : le patient doit donner son accord, il doit avoir été hospitalisé dans les quatre semaines précédant la consultation, il doit être hors situation d’urgence vitale et la consultation doit être sollicitée uniquement lorsque le médecin traitant n’est pas joignable ou ne peut intervenir.